Publication trimestrielle du Laboratoire
d'analyse et d'architecture des systèmes du CNRS
© ONERA
Le LAAS fête ses quarante ans cette année en référence à son inauguration en mai 68. Ce mois a laissé, pour beaucoup d’entre nous, étudiants à Toulouse en cette période, des souvenirs personnels qui ne sont pas déterminés par cette inauguration. Qu’il me soit permis d’évoquer quelques souvenirs personnels et de me référer à l’année universitaire 67-68 pour établir néanmoins un lien entre ces événements.
Cette année est restée dans ma mémoire parce qu’elle a vu la création d’un nouveau cursus universitaire, la création des maîtrises. Je suivais cette année là l’enseignement de maîtrise EEA dont les cours se déroulaient dans les locaux de l’N7. Cette année et ce contexte me ramènent, de façon indirecte, à la fondation du LAAS qui avait eu lieu en juillet 67 et plus encore à son fondateur, le professeur Jean Lagasse. J’ai eu la chance, cette année 67-68, d’avoir pour enseignants les professeurs Lagasse, Lacoste et Sevely. La fondation et la mise en route des équipes du LAAS n’étaient pour nous que des échos, des bruits d’un monde qui n’était pas encore le nôtre, celui de la recherche.
L’intuition d’un monde vivant
Les cours, les contacts, les discussions, fréquentes en 67-68, avec ces professeurs et leurs assistants m’avaient cependant donné l’intuition d’un monde vivant, dynamique, ouvert et en prise sur les problèmes qui fascinaient tous les étudiants toulousains de cette époque : les aventures aéronautiques et spatiales, les miracles de l’électronique et de l’automatique, l’informatique naissante. Et tout ceci dans un contexte scientifique et technique marqué par l’inauguration à Toulouse du Centre spatial de Toulouse (le CNES) en février 68, et par l’inauguration de SUPAERO et de l’ENAC en septembre 68. Il m’a fallu quelques années, quelques expériences et la rencontre avec d’autres personnalités fortes comme Marc Pélegrin et Hervé Gallaire pour comprendre ce qui n’avait été pour moi en 67-68 qu’une intuition. J’ai compris alors l’importance du rôle joué par Jean Lagasse en tant que meneur d’hommes et son rôle dans la genèse d’une culture de laboratoire forte et spécifique. Cette culture de laboratoire du LAAS a été perpétuée par les directeurs du laboratoire ; mes fonctions au CERT/DERI puis à l’ONERA/DTIM m’ont principalement amené à travailler ou à me concerter avec Alain Costes, Jean-Claude Laprie et Malik Ghallab et je me plais à souligner ici les résultats obtenus durant ces années d’initiatives communes.
Pour l’organisation par le LAAS du World Computer Congress de l’IFIP en 2004, avec le soutien des autres laboratoires, la mutualisation des expériences et des moyens a été déterminante dans la sélection de Toulouse pour accueillir des conférences de cette taille et en faire des succès.
Quelques exemples viennent immédiatement à mon esprit : la coopération sur les méthodes de sûreté de fonctionnement dans le cadre du projet SURF initié et mené par le LAAS à la fin des années 70 ; les échanges scientifiques en sécurité informatique qui ont permis de faire naître à Toulouse en 1990 la conférence ESORICS sous la responsabilité conjointe du CERT et du LAAS ; les échanges scientifiques formalisés par les journées FAC.
Des projets scientifiques définis en commun
La volonté d’aller plus loin dans ces coopérations m’a amené à souhaiter en 1999 la création de la Fédération de laboratoires FERIA regroupant les efforts de chercheurs de nos trois laboratoires sur des projets scientifiques définis en commun. Le soutien chaleureux de Jean-Claude Laprie, directeur du LAAS, et de Luis Farinas, directeur de l’IRIT ont permis de créer cette fédération en 2000 autour de sept thèmes : spécifications formelles, systèmes décisionnels, sécurité informatique, simulation distribuée, applications réparties, systèmes embarqués, et interaction homme système. Cette proximité, cette communauté de perspectives dans la valorisation de nos activités se sont traduites au travers de projets importants (comme COTRE dans le cadre RNTL, et TOPCASED dans les pôles de compétitivité). Elles ont joué un rôle important dans l’organisation d’événements dont l’importance et la visibilité dépassaient parfois les moyens stricts d’un des laboratoires, comme il en a été ainsi pour l’organisation par le LAAS du World Computer Congress de IFIP en 2004, avec le soutien des autres laboratoires. La mutualisation des expériences et des moyens a été déterminante dans la sélection de Toulouse pour accueillir des conférences de cette taille et en faire des succès.
Tous mes voeux vont maintenant à Raja Chatila et à tous les chercheurs et personnels du LAAS pour vivre les quarante prochaines années du LAAS avec la vigueur et la réussite qu’il a connues depuis sa création.
René Jacquart
Ingénieur de recherche à l'Onera, Directeur du département Traitement de l'information et modélisation, DTIM, de l'Onera centre de Toulouse de 1988 à 2001