Publication trimestrielle du Laboratoire
d'analyse et d'architecture des systèmes du CNRS
© Anne Mauffret/LAAS-CNRS
WideSens, start-up en cours de création, est lauréate de l'édition 2012 du Concours national d'aide à la création d'entreprises de technologies innovantes, dans la catégorie « Emergence ». Thomas Beluch, son inspirateur et co-créateur, doctorant au LAAS, soutiendra sa thèse à l'été 2012. Son projet trouve sa source dans une conjonction entre des résultats partiels de son travail de thèse et des besoins exprimés par des partenaires industriels du LAAS. Il est aussi le fruit de son intuition personnelle associée à une chaine de soutiens internes et externes au LAAS dont chacun sera déterminant.
L’ activité de WideSens sera articulée autour d’un système innovant de transmission sans fil de données. Sa particularité est qu’il répond à des exigences spécifiques au domaine aéronautique tout en proposant des performances élevées en comparaison avec les produits existants. Nous sommes deux associés, Florian Perget, qui est aussi doctorant au LAAS, et moi. Nos parcours sont très similaires. Nous sommes tous deux ingénieurs de l’INSA, Florian y a suivi un cursus de réseaux et télécommunications et moi un cursus orienté électronique et systèmes embarqués. Nous sommes aujourd’hui en thèse au LAAS avec le même financement de la DGA et nous avons la même directrice de thèse, Daniela Dragomirescu. Nos aspirations cependant vont dans des directions différentes. Florian préfère rester au contact de la technique alors que je m’oriente plus vers des missions de type stratégie, management, et administratives, dans lesquelles mon bagage technique pourra m’aider à éviter les écueils. Un troisième doctorant de notre équipe au LAAS envisage de se lancer avec nous mais n’a pas encore pris sa décision.
Nous avons été accompagnés par la Chambre de commerce et d’industrie de Toulouse dès les premiers pas. Cela nous a aidés à formaliser le projet et à poser par écrit les bases d’un Business Plan. Ce premier jet nous a alors permis d’aborder des partenaires potentiels et de juger de leur intérêt pour les produits que nous prévoyons de vendre. Le marché existe déjà mais il est habitué à des procédures complexes et lourdes que nous comptons bien simplifier. Depuis avril, nous sommes également accompagnés par l’incubateur Midi Pyrénées qui nous suit et nous conseille sur les questions stratégiques ou l’accès au marché. Le réseau d’entrepreneurs incubés est aussi une source intarissable d’informations sur la vie d’une entreprise et tout particulièrement sur les problèmes des start-ups et leurs solutions possibles. Notre directrice de thèse, qui nous a soutenus dès les premiers balbutiements, a été la première d’une longue liste au LAAS, à la CCI de Toulouse et à l’incubateur.
L’idée est venue chemin faisant lors de nos thèses au LAAS. Nous avons eu la chance de rencontrer beaucoup de personnes du monde industriel dans le cadre de présentations de résultats de recherches ou lors de réunion de projets, comme le projet ANR NanoComm ou le projet européen QStream. Plusieurs d’entre elles faisaient état lors des discussions de problèmes récurrents liés à l’utilisation de câbles et d’appareils volumineux dans les applications de tests et mesures industrielles. Mes travaux portaient alors sur la communication entre fantassins et la localisation relative de ces fantassins en espaces clos. En regardant les résultats partiels de mes travaux sur la localisation des fantassins, j’ai découvert une utilité secondaire à ces travaux et j’y ai vu un intérêt commercial plus évident que l’application militaire. Le projet est donc issu de la rencontre entre des résultats partiels sur mon sujet de thèse tel qu’il était à l’origine et d’un besoin exprimé par des partenaires industriels du LAAS.
Cette idée, en cours de concrétisation, provient aussi d’une aspiration personnelle à exercer ma créativité. J’avais trouvé beaucoup d’intérêt à une matière enseignée à l’INSA par Mme Dragomirescu et quand elle m’a proposé de venir en thèse sous sa direction et de fabriquer des puces électroniques dans les technologies les plus avancées du moment, j’ai sauté sur l’occasion. Pendant ma thèse, j’ai eu l’impression d’avoir résolu des problèmes et l’idée et l’envie me sont venues d’en faire profiter et de pouvoir en vivre. J’ai toujours eu envie de faire des choses innovantes, la création est un moyen. Il est vrai qu’en ce moment, mon activité principale tourne autour de la recherche d’information sur les clients potentiels et sur celle de partenaires financiers, techniques et commerciaux. WideSens sera à moyen terme un fournisseur de solutions de communications sans fil pour de nombreux domaines, allant de la communication entre drones pour l’exploration collaborative à la surveillance de la santé des structures (SHM) grâce aux technologies prometteuses développées au LAAS.
Aujourd’hui, le cap est fixé, même si un projet comporte toujours une part d’aventure, je sais où je vais. Il faut savoir s’entourer et faire confiance aux bonnes personnes. Le caractère très innovant des technologies en jeu dans le projet WideSens est en soi un risque mais surtout une opportunité à exploiter. Le goût du défi est un bon facteur de motivation dans de tels projets.
Le concours national d'aide à la création d'entreprises de technologies innovantes est organisé par Oséo et soutenu par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche.En treize ans, il a contribué à la création de près de 1400 entreprises, dont 80% sont toujours en activité. 2500 lauréats en ont bénéficié depuis 1999, la moitié des projets sont issus de la recherche publique.