Publication trimestrielle du Laboratoire
d'analyse et d'architecture des systèmes du CNRS
Si le LAAS fête ses quarante ans cette année, le CNRS célèbrera ses soixante-dix ans en 2009.
Depuis sa création par décret présidentiel en octobre 1939, le CNRS est un élément fondamental de structuration pour la recherche française. Il demeure, par l’existence de son personnel de recherche et par sa promotion de l’interdisciplinarité, un élément singulier. Pour ses quarante ans, le CNRS s’était offert de nombreux outils pour promouvoir les actions interdisciplinaires et, pour ses cinquante ans, il avait très fortement incité le partenariat avec les universités. La montée en puissance des leviers territoriaux et européens pour le soutien financier à la recherche a commencé à bouleverser ces subtils équilibres depuis une quinzaine d’années. Depuis trois ans, une panoplie de nouveaux outils de la loi d’orientation de la recherche a été mise sur le marché : création de l’ANR, de l’AERES, des PRES, des RTRA, RTRS, des labels Carnot, sans oublier les fondations nationales ou autres pôles de compétitivité. Ces instruments de dimension nationale viennent s’ajouter aux très nombreux dispositifs des collectivités territoriales et de l’Europe.
Malgré les préconisations des états généraux de la recherche survenus après la crise de 2003, les guichets et structures se sont multipliés.
Que constate-t-on aujourd’hui ? Malgré les préconisations des états généraux de la recherche survenus après la crise de 2003, les guichets et structures se sont multipliés et ont développé des objectifs et des stratégies différenciés. Certes, la communauté scientifique Midi-Pyrénéenne semble s’être approprié ces outils avec succès : 3 pôles de compétitivité, 4 labels Carnot – dont un au LAAS -, 2 RTRA et 1 RTRS, 1 PRES et de nombreux projets de recherche financés par l’ANR. Le LAAS s’est lui-même particulièrement investi dans la plupart de ces dispositifs. Les institutions et les laboratoires ont cependant peu de recul sur les pratiques et les impacts. L’aspect financier est considérable. Dans notre circonscription, l’ensemble de l’enveloppe représente deux fois plus que le soutien financier apporté par le CNRS aux laboratoires, et la marge de manœuvre s’en trouve essentiellement déportée au niveau local : du laboratoire au territoire. Le territoire est en passe de devenir l’unité d’analyse stratégique, le lieu d’émergence des projets et des partenariats. Cette nouvelle donne rend les acteurs du territoire stratèges de la recherche et provoque naturellement la dilution du sentiment d’appartenance et l’affaiblissement de la capacité stratégique de chacun des acteurs institutionnels. Le territoire de Midi-Pyrénées est bien armé pour réussir son parcours initiatique dans cette phase d’incertitudes. Les compétences scientifiques et technologiques de sa recherche publique et privée, assurées par des laboratoires internationalement reconnus - le LAAS est à ce titre emblématique dans notre région - sont visibles, mais comme tout système humain, leur pérennité peut être remise en question à tout instant. Les universités et les organismes de recherche, dont le CNRS, ont la richesse, celle des femmes et des hommes qui les composent.
Plus que jamais, nous devons valoriser cette force en dépassant les frontières des institutions, des départements scientifiques, des systèmes d’appui à la recherche et rendre encore plus efficace notre groupe de pression territorial.