Publication trimestrielle du Laboratoire
d'analyse et d'architecture des systèmes du CNRS
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Le monde ubiquitaire où nous vivons est caractérisé à la fois par une mobilité forte des individus et par le fait que ces individus sont souvent porteurs d’appareils capables de se géolocaliser (smartphone ou voiture équipée d’un GPS). La somme des informations captées par ces appareils, ou entités, au niveau d'une ville contient une mine d'informations pour qui souhaite se déplacer efficacement dans cette ville.
La plupart des systèmes de transport actuels utilisent très peu les possibilités offertes par ces dispositifs pour améliorer la mobilité des usagers ou pour fournir de nouveaux modes de transport. Dans ce contexte « mobiquitaire », le projet Amores est construit autour de trois applications ayant trait à la mobilité : covoiturage dynamique, calcul d'itinéraires multimodaux en temps réel et réseau social mobile. Dans le contexte de ces applications, utiliser les capacités de géolocalisation des appareils est tentant. Cela pose cependant des problèmes quant à la protection de la vie privée des utilisateurs. Par exemple, il ne faut pas qu'une utilisation détournée de l'application de covoiturage permette à des individus mal intentionnés de savoir quand les maisons sont vides de leurs occupants.
Malheureusement, il est difficile pour le programmeur d'anticiper et de prévenir toutes les fuites d'informations privées générées par son application géolocalisée. La solution pourrait venir dans la définition de briques de base robustes et sûres que le programmeur utilisererait sans exposer les utilisateurs à ces dangers. L'objectif principal du projet est de définir ces briques sous la forme de géo-primitives de communication au niveau intergiciel. Celles-ci fourniront les services géolocalisés requis tout en assurant le respect de la vie privée, en parti- culier au niveau de la localisation. Par exemple, afin d'offrir des garanties de protection de la vie privée, un concept d'anonymisation des données de localisation peut être proposé, des « locanymes ». Ces géo-primitives fourniront des services de base, tels que le routage, la cryptographie ou encore la géolocalisation extérieure ou intérieure. L'utilisation de ces composants peut laisser des traces numériques révélant des informations sur l'utilisateur. Ainsi, le routage des messages à travers le réseau permet de suivre les déplacements d'un dispositif, et donc de son porteur. Dans le cadre d’Amores est étudié le problème du routage anonyme : permettre à des entités mobiles de communiquer sans divulguer d'information sur leur identité ou sur leur localisation. En d'autres termes, comment concevoir un service de poste efficace dans un univers ou les adresses changent tous les jours ? Ces primitives doivent aussi être robustes au sens traditionnel de la sécurité. Ainsi, pour garantir l'authenticité des informations de localisation, doivent aussi être étudiées les techniques permettant de vérifier la position géographique des entités.
Pour chacune des trois applications mentionnées est prévu le développement d’un prototype construit à partir des geoprimitives développées. En ce qui concerne l'application de covoiturage dynamique, elle sera intégrée par un des partenaires dans ses propres produits. L’intergiciel développé sera, par ailleurs, distribué en open-source. Enfin, la généralisation des résultats attendus sur le transport Toulousain, en coopération avec la compagnie de transports en commun toulousains Tisséo, nourrira les réflexions sur le devenir des systèmes de transport urbains et l’applicabilité réelle de l’approche.