Publication trimestrielle du Laboratoire
d'analyse et d'architecture des systèmes du CNRS
Mes premiers contacts avec le LAAS remontent aux années 1976-1977 alors que je séjournais à l'université de Newcastle-upon- Tyne dans l'équipe du professeur Brian Randell. Je travaillais alors sur des questions d'architectures logicielles pour systèmes fiables. A cette époque, le LAAS avait déjà une belle réputation dans le domaine de la
modélisation et de la construction de systèmes sûrs de fonctionnement.
De retour en France, j'ai lancé une activité autour des systèmes distribués sûrs de fonctionnement avec une application aux systèmes d'enchères
électroniques. C'est à cette occasion que j'ai pu travailler avec le Projet-Pilote SURF, financé par l'ADI (agence de l'informatique) dont je me souviens l'apport en matière de vision intégratrice concernant la conception de grands systèmes sûrs. Ensuite, j'ai suivi de près -le plus souvent comme expert de la Commission européenne- l'implication de mes amis du LAAS dans des actions européennes.
Je me souviens parfaitement de DELTA 4, puis de la série des projets « basic research » autour de la fiabilité et de la sécurité des systèmes. Les sigles PDCS, DSOS, DEVA, me rappellent de nombreuses réunions autour d'un axe extrêmement fort, l'axe Newcastle-Toulouse (avec parfois un arrêt à Rennes, pour Brian !). Je ne RESISTe1 pas également à mentionner ce Réseau d'excellence ancien style appelé Cabernet qui a réussi à structurer la communauté scientifique européenne sur ces questions de sûreté de fonctionnement. Au passage, on constatera le très fort volontarisme et l'engagement constant du LAAS dans les programmes européens dans les domaines liés aux systèmes sûrs de fonctionnement. Autre occasion de rencontrer les collègues toulousains, le Fault Tolerant Computing Symposium, FTCS. Mon premier souvenir remonte au FTCS 10 à Kyoto. C'est là que pour la première fois j'ai pu voir de près le sérieux scientifique de l'équipe du LAAS, mais aussi sa capacité d'animation de la communauté au cours des « social events »... ou de troisièmes mi-temps !
Lorsque je suis devenu directeur de l'IRISA en 1990, j'ai tenu à m'entretenir avec des collègues directeurs de laboratoires de taille équivalente. C'est donc naturellement que j'ai rencontré Alain Costes, alors directeur du LAAS. Face à mes inquiétudes devant l'ampleur de la tâche, devant le nombre de sujets aussi bien organisationnels que budgétaires, que je découvrais, il m’a répondu avec l'accent et le sourire : « ne t'inquiète surtout pas, il te faudra au moins trois ans pour tout comprendre... tu seras bien lors de ton second mandat ! ». je crois qu'il n'avait pas tort et que ces paroles m'ont un peu aidé à relativiser.
"Ce laboratoire pratique une très forte ouverture européenne et internationale et enfin, et c'est essentiel, j'y compte de très bons amis"
Je suis donc heureux de souhaiter un bon anniversaire à ce grand laboratoire qu'est le LAAS. C'est pour moi toujours un plaisir de m'y rendre. Tout d'abord parce que la recherche qui s'y fait est de qualité, ensuite parce que ce laboratoire pratique une très forte ouverture européenne et internationale et enfin, et c'est essentiel, parce que j'y compte de très bons amis. Rendez-vous dans dix ans pour le demi siècle, sachant que ces dix prochaines années verront les générations « fondatrices » s'éloigner... et gageons que les nouvelles générations sauront conserver au LAAS les qualités qui en font un grand laboratoire au plan international !
Jean-Pierre Banâtre
Professeur à l'Université de Rennes I, ancien directeur de l'IRISA et de l'Inria Rocquencourt
1- Allusion au réseau d’excellence européen actuellement coordonné
par le LAAS, ReSIST, Resilience for survivability in IST (ndlr)