Publication trimestrielle du Laboratoire
d'analyse et d'architecture des systèmes du CNRS
© CNRS Photothèque / Emmanuel PERRIN
Jean-Louis Sanchez a été un formidable promoteur et ambassadeur de sa discipline à l'interface entre la microélectronique et l'électronique de puissance.
Il a ainsi été, au cours des années 80, un des pionniers, en France et sur le plan académique, ouvrant la voie d'une intégration fonctionnelle dite monolithique "on chip" (sur puce) pour la conversion de l'énergie électrique. Partant d'une problématique résolument système, de nouveaux composants semi-conducteurs de puissance et de nouvelles fonctionnalités de commutation ont ainsi été imaginés, créés, déclinés et valorisés, exploitant tous les degrés de liberté offerts par le cristal semi-conducteur et couvrant un spectre large d'applications : opto-thyristor, thyristor blocable, thyristor-dual, hybrides Mos et bipolaires auto-amorçables et blocables. Voie difficile avec des passages parfois étroits car dépendants des avancées technologiques, mais ô combien riche par nature, allant du fondamental à l'appliqué et du composant au système. A titre personnel, j'ai rencontré pour la première fois Jean-Louis en 1992 à l'ENSEEIHT, dans un cours de DEA et ensuite lors de sessions de formation continue, où j'avais été séduit par ses qualités de pédagogue, son humilité et son approche globale des problématiques malgré sa spécialité relativement pointue. C'est quelques années après, à la fin de ma thèse et ensuite lors de mon entrée au LEEI en 1997 (fusionné aujourd'hui dans le LAPLACE), que j'ai eu la chance, sous l'impulsion d'Henri Foch avec lequel il collaborait depuis plusieurs années, de pouvoir travailler à mon tour avec Jean-Louis et quelques-uns de ses jeunes collègues du groupe CIP devenu ensuite ISGE au LAAS. Pendant plus d'une dizaine d'années, jusqu'en 2010 environ, nous sommes toujours restés en contact étroit et régulier et nous avons pu débattre et échanger sur divers sujets et études en particulier dans le cadre du GDR "Intégration de puissance" qu'il animait avec son ami grenoblois Christian Schaeffer.
"Liberté créatrice, le bien le plus précieux qui caractérise encore notre métier et qu'il savait défendre et cultiver"
Je retiens surtout de cette période les fameuses sessions de brainstorming au cours desquelles, en compagnie d'Henri Foch, nous sautions allègrement les barrières culturelles …, les préjugés et pré-requis thématiques qui pouvaient (encore un peu) nous séparer pour nous retrouver pendant une ou deux heures en "apesanteur", libérés de toutes contraintes, à réinventer, créer… et aussi rêver : une formidable sensation de liberté créatrice pouvait en ressortir, le bien le plus précieux qui caractérise encore notre métier et qu'il savait vraiment bien défendre et cultiver. Vers 2009 et 2010, avec ses diverses et nombreuses responsabilités, nos échanges sont devenus moins réguliers mais le virus avait été transmis sans antidote et c'est encore avec un très grand plaisir aujourd'hui que je continue à interagir et à bousculer mes collègues du groupe ISGE et, d'une certaine manière, à faire bouger les lignes. L'aventure continue … c'est le message que j'aimerais lui transmettre.
Frédéric Richardeau
Directeur de recherche au CNRS,
Laboratoire plasma et conversion d’énergie, LAPLACE, Toulouse