Publication trimestrielle du Laboratoire
d'analyse et d'architecture des systèmes du CNRS
Anne Hemeryck
31 ans
Chargée de recherche au CNRS
dans l’équipe LAAS Nanoingénierie et intégration des systèmes
J’ai fait une maîtrise de physique à l’Université de Rouen et, ayant choisi un DEA très théorique sur la modélisation et l’organisation de la matière qui requérait une compétence en chimie, j’ai préparé une autre maîtrise de chimie à l’Université de Rennes. Mon travail de thèse, en co-tutelle CEA-LAAS, a été pour moi un plaisir de la découverte et une familiarisation avec la recherche. Mon sujet, théorique aussi, risquait de restreindre mon profil, mais ma connaissance de plusieurs outils de modélisation que je développe et utilise, a permis au contraire de l’élargir. La voie de la recherche s’est ouverte naturellement avec le plaisir d’en faire et la liberté de penser et de travailler. Pouvoir guider ma vie sans être dans le répétitif, cette liberté et ce plaisir du travail de recherche m’ont orientée plus que mon profil. J’ai ensuite fait un stage post-doctoral au LAAS puis un autre à Los Angeles où j’ai acquis de nouvelles compétences ainsi que la maîtrise d’une méthodologie de dynamique moléculaire qui me manquait.
Grâce aux méthodes et aux outils acquis tout au long de mon parcours, j’aurais pu m’adresser à l’industrie, cependant mon profil correspond plus au monde de la recherche académique. C’est le LAAS qui m’a incitée à passer le concours à la fin de ma thèse. Après une première participation infructueuse au concours national, on m’a encouragée à persévérer et surtout à partir faire un post doctorat à l’étranger afin de renforcer mes compétences. Après près de deux années passées aux Etats-Unis, les conseils que l’on m’avait donnés quelques années plus tôt ont porté leurs fruits et j’ai obtenu le concours et mon affiliation au LAAS. Faire ce qui me passionne est un grand privilège. Cependant, il y a des facettes de ce métier dont je ne soupçonnais pas l’importance, notamment la recherche de financements et l’encadrement d’étudiants. Ces activités occupent une grande partie de mon temps, c’est pourquoi je suis attentive à conserver mon temps de recherche que je veux protéger. Dans mon équipe, nous sommes un petit groupe de modélisateurs à l’échelle atomique, nous travaillons ensemble, sur des thématiques séparées, et sommes complémentaires.
Le métier change beaucoup, mais ce qui me plaît et à quoi je m’attendais existe bien, ce contact constant avec des personnes à l’esprit aiguisé. Si j’ai choisi le CNRS et le LAAS, c’est aussi parce que je connaissais ces gens au cerveau en effervescence qui n’hésitent pas à se remettre en question pour avancer. Aux Etats-Unis, le schéma de financement des laboratoires et de la recherche est complètement différent. La recherche de fonds est obligatoire pour la survie des équipes, c’est un cercle vicieux projet-argent-travail. Nous travaillons aussi sur projet, nous espérons démarrer deux ANR cette année, dont un couplant théorie et expérience. Pour l’instant, je n’observe pas de points négatifs, j’ai ce que je voulais et je vois mon avenir sous le plus bel angle.