Publication trimestrielle du Laboratoire
d'analyse et d'architecture des systèmes du CNRS
© Anne Mauffret/LAAS-CNRS
Gilles Trédan
28 ans
Chargé de recherche au CNRS
dans l’équipe Tolérance aux fautes et sûreté de fonctionnement informatique
Après deux années de classe préparatoire à Saint-Brieuc, j’ai poursuivi mes études à l’Université de Rennes 1 où j’ai obtenu un diplôme d’ingénieur en Informatique et communications en même temps que le Master 2 Recherche en informatique. Je n’avais ni envie d’être ingénieur ni ne me sentais prêt à intégrer le monde de l’entreprise qui me faisait peur. J’avais fait deux stages à l’IRISA dont celui de fin d’études et j’y ai intégré l’équipe ASAP pour préparer ma thèse qui portait sur lesstructures de communication et leurs impacts sur les systèmes répartis. J’ai bénéficié d’un financement du ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche et d’un monitorat. Je voyais ce travail de thèse comme une aventure intellectuelle qui, de plus, me permettait de différer ma prise de décision. J’ai voulu ensuite faire un stage post-doctoral à l’étranger et ai opté pour l’Université technique de Berlin où j’ai passé presque deux ans à l’institut Deutsche Telekom. Même si nous y échangions en anglais, je me suis mis à l’allemand car je voulais m’intégrer et échapper au syndrome du « post-doc en transit ».
Ma rencontre avec le LAAS s’est faite par l’un de ses chercheurs, avec qui j’avais déjà collaboré, qui m’a contacté pour me proposer de répondre à une offre de poste CNRS fléché sur le thème Réseaux sociaux et mobilité. J’ai fait un dossier de candidature au CNRS pour ce poste et un second pour le concours général. Bien que le résultat fût honorable pour une première candidature - j’ai été classé 21e-, je n’ai pas passé le cap de l’admission au concours général. Quant au concours fléché, je n’ai pas pu me présenter à l’audition en avril 2010 à cause de l’éruption du volcan islandais qui a bloqué les moyens de transport. L’équipe du LAAS qui m’avait contacté m’a incité à retenter le concours général l’année suivante. A la fin de la thèse, on se ressent toujours sur des rails. Il y a cependant des aiguillages et un sentiment de liberté presque inquiétant. Après Berlin, une partie de moi voulait faire un autre post-doc à Cambridge où une possibilité m’était offerte. Cela n’a pas pu se faire.
Mon choix du CNRS s’est fait parce qu’il y a un certain prestige – les directeurs de thèse sont toujours fiers que leurs étudiants soient recrutés au CNRS – mais surtout pour travailler avec les personnes qui m’avaient contacté. Le support humain est très important pour la recherche. Pourquoi pas maître de conférences ? me suis-je demandé. J’aime l’enseignement, j’ai beaucoup apprécié le monitorat pendant ma thèse et cela m’a manqué à Berlin. A l’université cependant, l’enseignement est obligatoire tandis que le statut de chercheur CNRS le permet sans l’exiger. Enfin, l’autre point très positif au CNRS c’est la mobilité. Cette liberté de se déplacer est une garantie pour une bonne recherche, elle change aussi le rapport à l’endroit où l’on est et rappelle qu’il n’y a pas qu’un seul chemin. Je suis plus bouleau que chêne et j’ai besoin de plasticité dans mes désirs. L’idéal du CNRS – la science comme bien social –, correspond à mon idée de la science, notamment dans son rapport à la connaissance, transdisciplinaire. Certes, l’âge d’or de cette vision est révolu mais la liberté et la mobilité demeurent et sont un confort qui compense la modicité des moyens. Le CNRS, c’est la yourte, mais c’est joli.