Lettre du LAAS

Publication trimestrielle du Laboratoire
d'analyse et d'architecture des systèmes du CNRS

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Le réseau d'excellence européen ReSIST a rassemblé des chercheurs de premier plan dans les domaines multidisciplinaires de la sûreté de fonctionnement, de la sécurité informatique et des facteurs humains. Plus de cent chercheurs et à peine moins de doctorants de huit pays y ont pris part, avec l'objectif de doter l’Europe d’un ensemble cohérent de recherches sur la résilience des futurs systèmes informatiques ubiquitaires, en termes de concepts, de modèles, de politiques, d’algorithmes et de mécanismes.
Pour ce faire, un état des connaissances, inexistant jusqu'alors, a été dressé. De là un programme de recherche, des actions ciblées, au sein de mini-projets, un programme d’enseignement et un support de cours associé ont été élaborés. Le tout porté par une nouvelle acception du concept de résilience informatique.

La résilience informatique est définie par ReSIST comme la persistance de la délivrance d’un service de confiance justifiée — donc la persistance de la sûreté de fonctionnement — face à des changements fonctionnels, environnementaux ou technologiques, ces derniers pouvant être matériels comme logiciels. Cette persistance dépasse la notion de tolérance aux fautes au profit de celle de résilience, qui prône l’adaptabilité à ces changements. Le réseau d'excellence ReSIST s'est donc fixé l'objectif d'organiser et de proposer en un ensemble cohérent la recherche sur la résilience des futurs systèmes informatiques ubiquitaires. La méthode choisie a été de :
• rassembler des équipes de chercheurs telles que les sujets fondamentaux relatifs aux systèmes ubiquitaires résilients puissent être abordés par une recherche coopérative et multidisciplinaire de grande ampleur,
• identifier, dans un contexte international, des axes-clefs de recherche (techniques et sociotechniques) induits sur les systèmes ubiquitaires support de l’intelligence ambiante,
• produire des résultats de recherche significatifs (concepts, modèles, politiques, algorithmes, mécanismes) qui pavent la voie vers les systèmes ubiquitaires résilients,
• promouvoir et diffuser une culture de la résilience dans les programmes d’enseignement supérieur et dans les meilleures pratiques de
l’ingénierie.
L'état des connaissances a été rassemblé en 2006 par cinq groupes investis dans autant d'aspects des technologies de la résilience : architecture, algorithmes, systèmes sociotechniques, évaluation, vérification, puis synthétisé dans un document unique de 22 articles. On en vint alors en 2007 à la prospective. Chaque groupe de travail releva les axes de recherche selon les quatre propriétés de la résilience : évolutivité, analysabilité (néologisme faute de traduction simple d’“assessability”), utilisabilité (“usability”) et diversité. Ces vues ont conduit, après structuration, compléments et synthèse, au programme de recherche préconisé. Les deux documents, oeuvre de 83 co-auteurs, ont été identifiés comme particulièrement pertinents par l'enquête internationale sur les défis de recherche en résilience informatique, conduite en 2008, qui a recueilli les avis et propositions de cinquante collègues académiques et industriels du monde entier.
Parallèlement, plusieurs actions de recherche coopératives bi- ou multi-latérales ont été entreprises, qui ont culminé durant la dernière année de ReSIST dans neuf mini-projets couvrant l’ensemble des propriétés de la résilience informatique. Ceux-ci sont nés d’un appel, basé sur le programme de recherche, auprès des jeunes chercheurs et des doctorants – les chercheurs confirmés de demain –, impliquant soixante dix d'entre eux.

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Une culture de la résilience
Afin d’offrir une représentation structurée des concepts sous-tendant le volumineux, et toujours croissant, ensemble de documents où réside la connaissance dans le domaine de la sûreté de fonctionnement et de la résilience, une ontologie et un thesaurus ont été construits. Une telle représentation permet d’utiliser les outils de traitement de la langue naturelle pour effectuer l’identification et la classification des documents traitant de la résilience.
Un programme d’enseignement en résilience informatique a été établi, qui couvre sur quatre semestres les deux dernières années de maîtrise ès-sciences, pour un total de 120 ECTS (European Credit Transfer and Accumulation System), partagé également entre les deux années. Le premier semestre porte sur les bases et les fondements, le deuxième sur les méthodes, techniques et outils, le troisième sur des projets en coopération avec l’industrie sur des domaines d’application spécifiques, et le quatrième est consacré au mémoire de maître ès-sciences. Ce programme et le support de cours associé — planches et exercices — sont, par leur dimension coopérative internationale, uniques
en leur genre. Ils sont à la libre disposition des enseignants en sûreté de fonctionnement, en sécurité et en résilience informatiques. L’ensemble des résultats de ReSIST est accessible sur son site web, et, sous la forme du web sémantique, dans la base de connaissances RKB (Resilience Knowledge Base). Cette base, au-delà des résultats du réseau, fournit un accès intégré à des informations approfondies en provenance de toute l’Europe, à propos des personnes, projets, institutions et publications concernant les chercheurs en résilience informatique, ainsi que sur les organisations qui leur dispensent des fonds. La base de connaissances comporte approximativement 110 millions de faits de base, auxquels il peut être fait accès par une variété d’outils et d’interfaces, y compris l’application RKB Explorer.
L’activité au sein de ReSIST a conduit à 485 publications.
Au delà de cette concrétion du concept de résilience informatique, nombre d’événements ont été organisés dans le but de familiariser la communauté concernée et d'installer une véritable culture de la résilience. Ainsi un séminaire des doctorants en Italie en 2006, une école d’été en France en 2007, plusieurs journées d’étude ouvertes à l’ensemble de la communauté et des présentations, tables rondes, tutoriels lors de conférences internationales. Quant aux résultats, qui dépassent les objectifs originels, ils ouvrent la voie, tracée et large, aux recherches sur les
systèmes ubiquitaires actuels et surtout en devenir.

ReSIST en quelques chiffres
Le réseau d'excellence européen ReSIST a mobilisé 105 chercheurs et 68 doctorants, de 14 institutions académiques et 4 sociétés industrielles, issus de 8 pays de la communauté. La base des connaissances comporte 110 millions de faits de base. L'état des connaissances est structuré en 22 articles de synthèse. Le programme de recherche compte 41 textes focalisés introduits par 4 synthèses, l'ensemble rédigé par 83 coauteurs. 9 mini-projets ciblés ont permis à 70 jeunes chercheurs et doctorants d'exercer leur talent, 32 publications cosignées en résultent. Le programme d'enseignement, couvrant les deux dernières années de maîtrise, est assorti d'un support de cours de 1590 planches. Au total, 485 articles ont été publiés, dont 60 co-signés par des chercheurs de 2 à 5 partenaires. L’effort, de façon comptable dans les coûts éligibles soumis à la Commission européenne, représente 672 personne.mois. L’effort réel peut être estimé au moins au double.