Publication trimestrielle du Laboratoire
d'analyse et d'architecture des systèmes du CNRS
La coupe du monde de rugby fut pour moi l’occasion de beaucoup penser à toi et au chemin que nous avons parcouru ensemble, avec quelques autres, dans le domaine des composants de puissance.
Ton départ précipité m’a laissé désemparé tant nous étions partants pour une éventuelle nouvelle aventure. Nous devions nous voir en cette fin d’année scolaire pour en parler. C’est au soir de la finale perdue que j’ai commencé à écrire ces quelques lignes, d’abord parce que c’est une partie de toi que ce sport représente, une de tes raisons d’être, une partie de ton aventure personnelle, une des raisons de tes succès et surtout pour le formidable exemple que tu étais. Ensuite parce que c’est un moment dont on aurait pu parler ensemble avec l’autre Pierre (Aloisi pour ceux qui pourraient se poser des questions) dont tu étais si proche, en en tirant des leçons pour le quotidien. Parce qu’il faut toujours rebondir sur un échec et trouver d’autres voies comme tu le disais si bien, sans s’attacher à la mauvaise foi des critiques mais en regardant devant. Enfin parce qu’il reste comme un sentiment de frustration dont le côté positif demeure la marche en avant, et par-dessus tout la fierté de rester soi même. Les valeurs du rugby, largement galvaudées, Jean-Louis, tu les possédais presque toutes, altruisme, don de soi, engagement, honneur, fidélité, partage, humilité, respect de l’adversaire, sinon des autres, avec ce regard profondément humain qui signifiait toujours que juger est facile, que la critique est aisée mais que l’art, quel qu’il soit, reste difficile. Tu possédais aussi celles de la terre qui n’en sont pas si loin, ce qui nous rapprochait encore. Les deux, associées à une volonté farouche et à un travail opiniâtre, ont fait un homme de savoir et un guide, un meneur d’homme, un chef d’équipe, sans lui enlever son rôle d’homme de devoir. Nous avons partagé tellement tous les deux, et pendant tant d’années, que j’ai souvent l’impression de sentir ta présence, ton regard, ton sourire auprès de moi dans ce genre de moment où la communion est une règle. Aussi, je me suis permis d’en rappeler quelques souvenirs dans ces pages.
Pierre Merle
Professeur à l'Université de Montpellier 2
1995-1996 : 1er match "international" de l'équipe de rugby du LAAS à Edimbourg
Tout petit déjà, tu étais tombé dans la potion magique de ce sport collectif par excellence, et tu as transmis cette passion à ton fils Sébastien. Au laboratoire tu as été un des premiers impliqués dans les matches entre permanents et doctorants. Chacune des équipes mettait en jeu le droit de pouvoir gentiment chambrer l’autre pendant toute l’année. En ce temps-là, le landernau du rugby parlait de la première ligne Simon, Gimbert, Moscato. Au LAAS,nous avions : Galinette, Jean-Louis, Lulu !! Trop facile de jouer derrière vous ! Les côtes du directeur de l’époque se souviennent encore de ces matches — virils mais corrects — qui se terminaient invariablement par des libations au bord de la « mare aux canards » du laboratoire. En 1995, mis au défi par ce même directeur, nous avons résolu d’aller défier une équipe écossaise à l’occasion d’un match du « tournoi des 5 nations ». Disons-le tout de suite, il n’est pas certain que nous ayons beaucoup progressé « rugbystiquement » parlant, ni dans la langue de Shakespeare non plus...
Mais que l’histoire a été belle ! Le voyage a lieu en février 1996 : présentation du laboratoire chez Motorola à Edimbourg — tout de même : l’alibi scientifique de ce voyage…Puis, Flowers of Scotland à Murrayfield, bière, whiskey, la « Marseillaise »jouée à la cornemuse dans les rues de la ville, pub de l’université d’Edimbourg, … Que des souvenirs mémorables. Nous avons réussi à faire match nul contre une horde de joueurs pour qui le déblayage des regroupements était une seconde nature. Nous n’avions pas assez préparé ces phases de jeu. Nous avons été tellement dominés qu’il a fallu envoyer la vidéo du match à nos hôtes
pour qu’ils reconnaissent le match nul.Hugues Granier
Ingénieur de recherche au LAAS-CNRS