Publication trimestrielle du Laboratoire
d'analyse et d'architecture des systèmes du CNRS
Jean- Louis avait un esprit de rugbyman, y compris dans ses activités quand il était tout jeune chercheur. Je me souviens très bien d’une mission en 1987 à Rueil-Malmaison. Il avait alors 29 ans.
Il s’agissait de démonter chez Bull et ramener au LAAS une installation de dépôts chimiques basse pression. Ce matériel d’occasion était destiné à notre salle blanche pour y faire des dépôts de nitrure de silicium pour la fabrication de composants. A cette époque-là, nous étions encore dans un esprit un peu amateurs. La mission commença par le départ à minuit de la gare de Toulouse Matabiau en couchette de 2e classe, la valise dans une main et la trousse à outils dans l’autre, le tout, bien sûr avec une certaine fierté d’aller faire quelque chose d’important ; et, à l’époque, nous en étions persuadés. Il s’agissait pour nous de reconstruire une technologie silicium ; il faut bien le reconnaître, le silicium n’avait pas le vent en poupe et nous n’étions pas nombreux à croire au bien fondé de notre mission, mais nous avions la foi. Jean-Louis croyait à ce qu’il faisait et, comme le rugbyman qui va affronter un rival d’une division supérieure, il n’y allait pas pour subir les évènements en victime. Dans cette affaire-là, c’était le pilier qui œuvre dans des tâches obscures que certains considèreraient aujourd’hui comme peu valorisantes. Manipuler la clé de 13 ou le tournevis n’était pas pour lui déplaire ; il fallait ne pas se décourager, car ce genre d’opération ne se passait jamais suivant nos prévisions.
La mission terminée, nous avions, conscients d’avoir "bien travaillé", fait une entorse à notre statut d’agents CNRS de petite catégorie qui n’autorisait que le voyage en 2e classe, en nous offrant généreusement une place dans le train "Le Capitole", à nos propres frais. Pour finir cette troisième mi-temps en beauté, nous avions dîné dans le wagon restaurant ; je ne me souviens que du dessert et de la note de frais qui correspondait à un standing au-dessus de nos moyens habituels. C’est une chose que nous n’avons jamais regrettée ; il faut reconnaître aujourd’hui que ces fours de dépôt sont toujours opérationnels et ils ont vraiment constitué l’outil de base pour le renouveau d’une technologie silicium qui s’est développée à grande échelle avec tous les aspects des micro et nano technologies.
Cette formation et cet esprit rugbystique, Jean-Louis les a toujours conservés ; la vie dans la recherche et dans un laboratoire de recherche est souvent mouvementée, que ce soit pour des raisons internes ou externes. Par rapport à tout un environnement qui de temps en temps s’agitait, il avait l’attitude du vieux briscard qui en avait vu d’autres.
Malicieusement, il analysait cette situation comme un rugbyman expérimenté, toujours bien placé sur le terrain, alors que d’autres courent et s’agitent dans tous les sens !
Norbert Fabre
Ingénieur de recherche au LAAS-CNRS
Balades dans les collines du Minervois
Nous sommes quelques uns qui pourrions aussi évoquer les journées passées à arpenter ensemble à VTT des chemins caillouteux et escarpés. Pour toi, ce n’était qu’un prétexte pour nous faire découvrir ces merveilleux paysages du Minervois qui t’étaient si chers. En dépit des grommèlements de certains, parce que la pente était trop raide, trop longue ou qu’il faisait trop chaud,… Mais la récompense était de se retrouver tous ensemble après cette endurance, autour d’un casse-croûte ou d’un bon repas au coin du feu ! L’évocation de ces moments nous ramène à tes racines profondes, ton village natal d’Azillanet. Celui des parties de chasse initiatiques et des premières excursions à bicyclette au milieu des collines et des vignes que tu affectionnais tant. Tu as su puiser dans ces racines authentiques et les cultiver. Les mots entendus de tes amis d’enfance pour parler de toi résonnent à nos oreilles… Pour tous, tu as les yeux qui pétillent, avec ce sourire qui te représente si bien, franc, lumineux, généreux, fidèle à ceux que tu aimes. Un sourire fidèle... Oui, un éclat de ce sourire, une étincelle de tout ce que tu as partagé avec nous, de tout ce que tu as donné aux autres et aux tiens, ce qui fait que l’on t’aime tant. C’est cette image et cet éclat que tous gardent de toi.
Adieussiatz, Jean-Louis !