Publication trimestrielle du Laboratoire
d'analyse et d'architecture des systèmes du CNRS
Magali Brunet, chargée de recherche au LAAS-CNRS, est la lauréate 2011 de la médaille de bronze de la recherche scientifique pour la 8e section du comité national « Micro et nanotechnologies, électronique, photonique, électromagnétisme, énergie électrique ». La médaille de bronze, qui lui a été remise par le délégué régional du CNRS en Midi-Pyrénées le 18 juin dernier, « récompense le premier travail d'un chercheur, qui fait de lui un spécialiste de talent dans son domaine. Cette récompense représente un encouragement du CNRS à poursuivre des recherches bien engagées et déjà fécondes ». Aujourd’hui âgée de 35 ans, ingénieur de l’INSA de Lyon, Magali Brunet a fait sa thèse au NMRC, National Microelectronics Research Centre de l’University College Cork en Irlande, puis un stage post-doctoral au CEA-LETI à Grenoble avant d’être recrutée par concours comme chargée de recherche au CNRS en 2004 et de rejoindre le LAAS en 2005.
Ses travaux portent sur l’intégration sur silicium de composants passifs : bobines et condensateurs, pour les systèmes de gestion de l’énergie.Le contexte est celui de l’électronique nomade où la miniaturisation et l’accroissement des fonctionnalités augmente les besoins en énergie électrique des équipements dans un espace de plus en plus limité. Chaque fonction requiert ainsi plusieurs convertisseurs de puissance. Dans ces convertisseurs, l’encombrement des éléments passifs représente aujourd’hui jusqu’à 50% de la taille totale. La chercheuse a axé son projet sur la conception de composants passifs intégrés sur silicium et le développement de filières technologiques relatives à ces micro-composants, en particulier condensateurs tridimensionnels et micro-bobines. Pour atteindre les performances souhaitées, l’enjeu concerne surtout la mise en œuvre optimale en couches minces sur substrat silicium de matériaux ferromagnétiques pour les micro-bobines et diélectriques à forte permittivité pour les condensateurs. Depuis 2007, elle y a ajouté une thématique adjacente, l’intégration de micro-supercondensateurs, composants de stockage qui trouvent leur intérêt dans les microsystèmes autonomes en énergie, comme le nœud d’un réseau de capteurs communiquant sans fil. Dans cet axe de recherche, porté par le projet AutoSens[1], l’objectif est de réaliser sur un même substrat le microsystème récupérateur d’énergie, les capteurs, l’élément de stockage et l’électronique associée.
Pour les années qui viennent, Magali Brunet compte poursuivre ses travaux dans ces deux domaines. Concernant les composants passifs intégrés, l’activité s’inscrit dans le cadre d’un projet de réalisation et d’innovation industrielle de microsystèmes hétérogènes[2].
Le second thème, récent, sur le stockage de l’énergie, qui mobilise autour d’elle un chercheur (auparavant post-doctorant et recruté au CNRS en 2010) et deux doctorants, a commencé à produire des résultats intéressants et innovants en termes de performances de densités d’énergie et de puissance. Ceci, grâce à des collaborations locales, le CIRIMAT à Toulouse, et internationales, l’Université de Drexel à Philadelphie, aux Etats-Unis. Collaborations désormais étendues à l’Institut National de la Recherche, à Varennes au Québec.
Pour mener à bien ses travaux, la jeune femme s’est beaucoup servie des équipements de la plateforme de micro et nanotechnologies du LAAS. « L’environnement LAAS est très riche » dit-elle. « La nouvelle salle blanche est pleine de promesses. C’est une salle blanche de recherche où j’aime bien travailler. L’accès n’y est pas figé, ni hiérarchisé à l’excès. Faire un procédé prend du temps, les étapes sont soumises à des aléas mais nous travaillons dans de bonnes conditions et je ressens une vraie liberté d’action ».
Choisir la recherche ? « Au début, je n’avais pas vraiment de vision à long terme quant à mon avenir, mais je ne me voyais pas dans le monde de l’entreprise » dit-elle. « Au LAAS, je suis arrivée à faire ce que je voulais faire. J’ai eu de la chance de pouvoir mener les projets qui étaient au cœur de mes centres d’intérêt. Mes domaines de recherche sont ainsi assez resserrés : je préfère rester concentrée sur les deux axes choisis. Il ne faut pas chercher à tout faire ; il faut en revanche chercher les compétences là où elles sont. Je privilégie donc les collaborations avec les chimistes et les physiciens quand cela s’avère nécessaire ».
La nouvelle organisation de la recherche, amorcée par l’avènement de l’ANR et qui s’intensifie, privilégie la notion de « projet » qui conditionne son financement. Magali Brunet a été dans ce cadre responsable scientifique et coordinatrice du projet ANR jeunes chercheurs CAMINO, Eléments capacitifs MIM à forte densité Intégrés sur Silicium pour la conversion de l’énergie, de 2006 à 2009. Comment voit-elle sa place dans les nouveaux dispositifs ? « Certes, nous devons être présents mais c’est la science qui doit continuer de dicter nos choix. En répondant à trop de sollicitations, on court le risque intellectuel de se disperser et se perdre, c’est pourquoi je ferme parfois mes écoutilles et me dis « reste scientifique quoi qu’il arrive !» ».
Magali Brunet est la 4e lauréate de la médaille de bronze au LAAS pour la section 8. Les précédents sont Daniel Estève, qui recevra plus tard la médaille d’argent, Françoise Lozes et Robert plana.
[1] AutoSens, AUTOnomous SENSing microsytem, projet financé par la FRAE, Fondation de recherche pour l’aéronautique et l’espace, de 2007 à 2010
[2] PRIIM, projet débuté en 2009 pour 4 ans, financé par l’OSEO et porté par la société IPDIA à Caen