Lettre du LAAS

Publication trimestrielle du Laboratoire
d'analyse et d'architecture des systèmes du CNRS

page3-Edito

Ce numéro fait une large part au programme Adream (Architectures dynamiques reconfigurables pour systèmes embarqués autonomes mobiles) et au bâtiment instrumenté et à énergie optimisée qui a été conçu pour accueillir des démonstrateurs de plusieurs des projets d’Adream, qui incluent un important volet sur la conversion d’énergie photovoltaïque. Le bâtiment Adream est véritablement un « living lab » évolutif.

La réalisation d’un tel bâtiment a constitué un vrai défi et a aussi été une formidable aventure humaine associant les chercheurs, le service logistique et infrastructure du laboratoire, le service des affaires immobilières de la délégation régionale du CNRS et bien sûr le cabinet d’architecture responsable du projet.Adream contribue à relever le défi posé par la diffusion massive de dispositifs numériques fortement interconnectés — ceci bien au-delà de ce qui est déjà permis par l’Internet et qui est rendu possible par les évolutions technologiques. Alliant les avancées de l'informatique et des technologies numériques et leur intégration de plus en plus poussée au sein d'objets multiples et leur vaste diffusion au niveau des individus, un nouveau paradigme de systèmes, souvent qualifiés de systèmes cyberphysiques, se développe. Par leur omniprésence, les systèmes cyber-physiques sont à même d’ouvrir la voie à un avenir plus avenant et durable, par une gestion plus efficace de notre environnement et la multiplication de services : domiciles, lieux de travail, espaces publics, véhicules, etc.
Les systèmes cyber-physiques s’appuient — entre autres — sur le déploiement massif de capteurs communicants, de robots mobiles et autonomes, de nouveaux protocoles de communication à faible consommation, de supports d’exécution reconfigurables, d'algorithmes innovants pour le traitement de grandes masses de données, de procédures d’optimisation et de commande
robustes, de nouveaux dispositifs et procédés pour la production, la conversion, le stockages et la récupération de l’énergie électrique, autant de thématiques qui font l’objet de travaux de recherche au laboratoire.
Comme on le verra, de nombreux verrous restent à lever notamment afin de maîtriser la dynamique qui caractérise l’environnement fortement évolutif dans lequel évoluent les systèmes cyber-physiques. Le concept de résilience informatique — garantie de sûreté de fonctionnement en dépit des changements — qui a vu le jour au laboratoire, s’avère ainsi être une notion essentielle
pour aborder les défis posés aux systèmes cyber-physiques. Notons également, en plus des défis concernant les différents aspects techniques, la nécessaire analyse de l’impact de la forte pénétration (pervasive) de ces systèmes et de leur exploitation au titre de leur acceptabilité, tant au niveau de l’usage (c’est en particulier le cas dans le cadre des interactions Homme-robot) que
du respect de la vie privée. En ce qui concerne ce dernier aspect, les avantages de la géolocalisation ou de la reconnaissance d’activités humaines, pour l’élaboration de nombreux services pratiques et performants, ne doit pas se traduire par la mise en péril voire l’aliénation du droit à l’anonymat !
D’autres rubriques témoignent dans ce numéro de la richesse de la vie scientifique du laboratoire et de la variété des thématiques étudiées. D’autres ont trait aux nouveaux équipements qui viennent enrichir la plateforme de micro et nano technologies. L’accent est aussi mis sur deux projets européens : l’alliance établie par le laboratoire (en tant qu’institut Carnot LAAS CNRS)
avec l’institut Fraunhofer IISB pour le développement de semi-conducteurs « à grand gap », et IMAGINE, qui concerne la gestion des réseaux de conception et de fabrication dynamiques. Les témoignages concernant un projet de création par un doctorant d’une jeune pousse, déjà lauréate de l’édition 2012 du Concours national d’aide à la création d’entreprises innovantes, et le bilan d’une année passée par un chercheur chevronné au collège de France en tant que titulaire de la chaire d’innovation technologique Liliane Bettencourt, fournissent deux belles illustrations du dynamisme et du rayonnement du laboratoire. La parole est aussi donnée aux recrues récentes qui viennent de rejoindre le laboratoire. Plusieurs talents, lauréats de prix prestigieux, l’annonce de la création d’un prix scientifique international Jean-Claude Laprie, les nouveaux habilités, les congrès organisés par des membres du laboratoire, complètent le regard porté par ce numéro sur l’actualité récente du laboratoire.

Jean Arlat,
Directeur du LAAS